LA SOCIETE DE L'OCCIDENT LATIN DE L'AN MIL AU XIII°
"CEUX QUI PRIENT, CEUX QUI COMBATTENT, CEUX QUI TRAVAILLENT"
Le cadre chronologique: le Moyen âge dit classique de l'an mil au XIII,
après le haut Moyen âge, avant la crise des XIV et XV.
Le cadre: l'Occident chrétien qui reconnait l'autorité du pape, dont les élites
s'expriment en latin. Il va connaitre une phase d'expansion.
La thèse de la trifonctionnalité.
Georges Dumézil (1898-1986) a développé la théorie selon laquelle les sociétés indoeuropéennes reproduisent une organisation tripartite avec des fonctions religieuses, guerrières et productives. Georges Duby (1919-1996) a appliqué cette théorie à la société médiévale. Pour lui, ce schéma imaginé par les dominants et le clergé, était "une construction idéologique conforme à l'imaginaire du féodalisme."
L'évêque Adalbéron de Laon présente cette répartition trifonctionnelle vers 1030 dans son poème au roi Robert. Pour lui, la société unie selon la loi divine est composée de trois ordres complémentaires selon la loi humaine. Cette répartition en trois classes exprimait la volonté de maintenir un rapport de domination.
"La société des fidèles ne forme qu'un corps; mais l'Etat en comprend trois.
La maison de Dieu, que l'on croit une, est donc divisée en trois: les uns prient, les autres combattent, les autres enfin travaillent. Ces trois parties qui coexistent ne souffrent pas d'être disjointes; les services rendus par l'une sont la condition des œuvres des trois autres; chacune à son tour se charge de soulager l'ensemble. Ainsi, cet assemblage triple n'en est pas moins uni, et c'est ainsi que la loi a pu triompher, et le monde jouir de la paix".
Un version complète du poème d'Adalbéron de Laon se trouve sur le site: www.forumromanum.org
LE POUVOIR AUX MAINS DE L'EGLISE
I. Foi et croyances L'homme du Moyen Age vit dans une société entièrement réglée et figée par une volonté divine. Il est obsédé par la crainte du Jugement dernier, figuré sur le tumpan de Sainte Foy de Conques dans l'Aveyron.
Comment accéder au paradis, antithèse de l'enfer? En suivant la voie du Christ et de l'Eglise, par la grâce divine d'où l'importance des pèlerinages et du culte des reliques, par les legs et les donations: la peur de la mort fait la fortune de l'Eglise médiévale.
La paroisse devient le principal repère des fidèles. Un espace sacré se constitue autour de l'église.
II. L'organisation de l'Eglise
Les clercs: les oratores (ceux qui prient) forment un ordre sacré, au service de Dieu, pour le salut des hommes. Ils pouvaient représenter 5% de la population au XIII°.
Les clercs: les oratores (ceux qui prient) forment un ordre sacré, au service de Dieu, pour le salut des hommes. Ils pouvaient représenter 5% de la population au XIII°.
Au sommet de cette institution fortement hiérarchisée se trouve le pape. Il dispose d'une arme redoutée: l'excommunication. Au XI°, la réforme grégorienne vise à rétablir l'autorité morale du clergé (lutte contre la simonie et le nicolaïsme) et à imposer le pouvoir du pape. La querelle des investitures oppose l'empereur Henri IV au pape Grégoire VII. Au début du XIII°, Innocent III impose la théocratie pontificale: le pape exerce les pouvoirs spirituels et temporels au-dessus de tous les autres souverains.
L'évêque devient un personnage essentiel: un rassembleur, un administrateur qui exerce le pouvoir comme un seigneur, l'organisateur de la vie urbaine.
Les curés et les prêtres vivent au plus près des fidèles.
Le fait monastique connait son apogée du IX° au XIII°. Les abbayes sont des lieux de prière et de travail.
Les moines noirs de Cluny deviennent au XI° le plus puissant ordre monastique en Occident; c'est "la fille chérie" de Rome. Ils dénoncent la vanité et l'arrogance des moines blancs de Cîteaux qui se développe avec Saint Bernard (1090-1153). L'ordre cistercien atteint son apogée au XII°. Les ordres mendiants (Dominicains, Franciscains) triomphent au XIII° dans un contexte nouveau: urbanisation, foisonnement spirituel, lutte contre les hérésies. Les ordres religieux militaires (Hospitaliers, Templiers, Chevaliers teutoniques) apparus au XII° sont le fruit de la croisade.
III. Le rôle de l'Eglise. L' Eglise au service de l'homme soigne dans les hôpitaux.
Chirurgie à Saint Antoine l'abbaye, documents du XV° et XVI° siècles.
L'Eglise enseigne et forme les élites dans les monastères puis dans les écoles cathédrales. L'enseignement supérieur se développe à partir du XIII°. Les universités qui enseignent les arts libéraux, la théologie, le droit et la médecine participent au renouveau de la vie intellectuelle. L'Eglise encadre les esprits: elle impose un environnement religieux qui dicte les comportements. Le concile de Latran IV fixe les règles du mariage.
L'Eglise protège le dogme contre les hérésies. Les hérétiques rêvent d'un retour à une société évangélique et remettent en cause la société féodale. Après l'échec de la croisade contre les Albigeois, Grégoire IX crée l'Inquisition en 1233.
L'Eglise qui rêve de paix cherche à "christianiser la guerre" (notion de guerre sainte) et à imposer un idéal chrétien à la chevalerie. La paix de Dieu puis la trêve de Dieu donnent peu de résultats efficaces.
IV. L'Eglise et les progrès dans le domaine artistique La poussée démographique et la généralisation du culte des reliques font que "le monde se couvre d'un blanc manteau d'églises" comme en témoigne le moine Raoul Glaber vers 1047.
L'art roman nait autour de l'an mil. Des édifices bas et massifs, des voûtes en pierre, des murs épais et des contreforts caractérisent le roman. La décoration, la taille de la pierre, est abondante pour embellir l'église et instruire les fidèles.
Vue et plan de l'église de Saint Nectaire.
Fresque de la voûte de l'église de Saint SavinLe XIII° est le siècle de l'art ogival. L'art gothique se développe avec l'essor urbain et grâce à l'intervention des évêques. Deux innovations majeures: la croisée d'ogives (ND. de Reims) et l'arc boutant (ND. de Paris) permettent l'élévation des édifices.
L'art du vitrail tient une place considérable: plus de 6500 m2 de vitres à Saint Etienne de Metz.
- premier âge du gothique à partir de la construction de l'abbatiale Saint Denis à l'initiative de Suger, de 1132 à 1144. Le gothique est d'abord un art français.
- art gothique classique avec le modèle de ND. de Chartres.
- le gothique rayonnant à partir du milieu du XIII° donne la primauté au vitrail comme pour la Sainte Chapelle à Paris.
- le gothique devient flamboyant à partir de la fin du XIV° avec des nervures en forme de flammes et beaucoup de fioritures architecturales comme pour l'église de Brou près de Bourg en Bresse.
CHRONOLOGIE DE LA VIE RELIGIEUSE DU XI° AU XIII° SIECLES
909-910: fondation de Cluny par Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine.
989: le concile de Charroux instaure la Paix de Dieu.
1027-1030: poème au roi Robert d'Adalbéron de Laon.
1027-1041: diffusion de la Trêve de Dieu.
1048: début de la réforme grégorienne sous le pontificat de Léon IX.
1054: schisme entre Rome et Constantinople.
1059: Nicolas II impose le célibat au clergé et réserve l'élection pontificale aux cardinaux.
1075: Dictatus papae imposé par Grégoire VII.
1075-1122: querelle des investitures.
1084: fondation des Chartreux par Saint Bruno.
1088: début de la construction de Cluny III.
1095: Urbain II appelle à la croisade.
1098: fondation de Cîteaux par Robert de Molesme.
1113: fondation de l'ordre des Hospitaliers.
1115: Saint Bernard devient abbé de Clairvaux.
1118: fondation de l'ordre du Temple reconnu en 1128.
1132-1144: reconstruction de l'abbatiale Saint Denis.
1194-1220: construction de ND. de Chartres.
1198-1216: Innocent III impose la théocratie pontificale.
1204: sac de Constantinople (4° croisade).
1206: arrivée de Saint Dominique en Languedoc.
1209: première communauté franciscaine.
1209-1224: croisade contre les Albigeois.
1215: concile de Latran IV
reconnaissance des Frères prêcheurs
Robert de Courçon dépose les statuts de l'Université de Paris.
1231-1233: création de l'Inquisition.
1257: fondation du collège de Robert de Sorbon.
1284: effondrement de la voûte du chœur de la cathédrale de Beauvais.
1291: chute de Saint Jean d'Acre, fin des Etats latins d'Orient.
1297: canonisation de Louis IX décédé en 1270.
LE POUVOIR AUX MAINS DE CEUX QUI COMBATTENT: LES BELLATORES
Une classe dominante, une classe militaire chargée d'assurer la sécurité, un ordre non sacré à la différence des oratores.
I. La féodalité. La recommandation est aux origines de la vassalité: ce lien personnel, né d'un sentiment de précarité, se généralise sous les Mérovingiens.
La vassalité devient un moyen de gouvernement (un lien militaire) à l'époque carolingienne. Au sommet de la pyramide vassalique se trouve l'empereur. La recommandation s'accompagne parfois de bénéfices: charges ou revenus attribués aux vassaux.
La vassalité devient un moyen de gouvernement (un lien militaire) à l'époque carolingienne. Au sommet de la pyramide vassalique se trouve l'empereur. La recommandation s'accompagne parfois de bénéfices: charges ou revenus attribués aux vassaux.
Le démembrement de l'empire carolingien et les invasions sont à l'origine de la désagrégation des pouvoirs et de la féodalité. Le pouvoir des comtes, des ducs et de leurs vassaux qui ont assuré la défense des territoires s'est imposé.
Les relations féodo-vassaliques. La cérémonie de l'hommage unit un homme libre: le seigneur à un autre: le vassal, par un engagement personnel auquel s'ajoute un lien économique primordial: la concession d'un fief. Le fief est un bien héréditaire qui ne peut pas être aliéné. Au XIII°, le fief peut être accordée sous forme d'une somme d'argent: c'est le fief de bourse ou de rente.
Cérémonie d'hommage, fin XII°, extraite du Livre des fiefs de Cerdagne.
Cérémonie d'hommage, fin XII°, extraite du Livre des fiefs de Cerdagne.
Le contrat féodal: un ensemble d'obligations réciproques.
L'évolution de la féodalité: le système s'est répandu précocement dans le nord de la France. On peut distinguer:
- un premier âge féodal aux X° et XI° siècles avec une féodalité éclatée et très conflictuelle. La France compte plusieurs centaines de châtellenies.
- un second âge féodal aux XII° et XIII° siècles avec une féodalité plus ordonnée et hiérarchisée. En France, les Capétiens affirment leur souveraineté; le roi devient le suzerain.
La féodalité décline à partir de la seconde moitié du XIII°. L'emprise des seigneurs confrontés aux difficultés économiques se desserre, alors que le pouvoir royal grandit.
II. La seigneurie et le château fort. Les seigneuries diffèrent suivant la qualité du seigneur: seigneuries personnelles plus ou moins étendues ou seigneuries ecclésiastiques. Quelques propriétaires indépendants: les alleutiers échappent au système.
Le seigneur exerce son droit de ban: un droit public qui consiste "à ordonner, à punir, à contraindre". Il rend la justice, source de revenus. Le recours à l'ordalie, véritable supplice, a été rare avant d'être interdit par le concile de Latran.
Les prélèvements du seigneur sont lourds. En contre partie de sa protection, le droit de ban lui permet d'imposer des banalités: des taxes pour l'utilisation du moulin, du pressoir ou du four banal.
Les incursions normandes puis l'éclatement des pouvoirs sont à l'origine de la construction des châteaux forts. Ils prolifèrent à partir de 1030-1050. Le plus ancien type d'habitat seigneurial est une enceinte sur une levée de terre, un donjon en bois sur une motte castrale (reconstitution à Saint Sylvain d'Anjou).
Les châteaux forts en pierre se répandent au cours du XII°
Le château est d'abord une forteresse: un ouvrage militaire qui assure une fonction défensive. Il n'est jamais imprenable; il est à la merci d'un long siège, de la famine ou d'une trahison.
Le château fort est un lieu de pouvoir: symbole de l'autorité du seigneur et centre économique de la seigneurie.
Le château est un lieu de résidence. Les conditions de vie y sont difficiles: pénombre permanente, froid, confort rudimentaire.
III. Les chevaliers La guerre, activité honorée, est l'affaire exclusive des bellatores. A l'origine d'une guerre féodale se trouve une revendication ou une vengeance à la suite de problèmes de fiefs, d'héritages contestés, de non respect du contrat féodal, de mariage rompu,... Les guerres donnent lieu à des affrontements ciblés et intermittents, souvent à des chevauchées ou des raids.
Le tournoi, école de violence, scandalise l'Eglise. Il ne prend sa forme "classique" qu'au XIII°.
Les chevaliers forment un groupe socio-professionnel de guerriers qui combattent à cheval. Ils sont le bras armé du seigneur pour soumettre la paysannerie et participer aux guerres féodales. A l'époque des croisades, la chevalerie acquiert une nouvelle dimension religieuse. La cérémonie de l'adoubement marque la fin d'un apprentissage et l'entrée dans l'âge adulte. Elle s'apparente à celle de l'hommage. Remise de l'épée et chaussement des éperons.
L'honneur, la prouesse (courage), la largesse (générosité) et la courtoisie au combat sont les valeurs de l'idéal chevalresque fixé au XIII°. Idéal codifié par l'Eglise et la littérature de cour. L'Eglise a tenté de donner un idéal chrétien à la chevalerie, sans jamais parvenir à canaliser la violence. L'amour courtois n'est qu'un modèle idéalisé qui disparait dés le XIV°.
CHRONOLOGIE POLITIQUE DU X° AU XIII° SIECLES
877: Capitulaire de Quierzy (vers une transmission héréditaire des fiefs).
911: traité de Saint Clair sur Epte attribuant la Normandie aux Vikings.
955: Otton 1° écrase les Hongrois à Lechfeld.
1029: les Normands s'installent en Sicile.
Vers 1060: développement de la féodalité (multiplication des châtellenies et des hommages multiples). Apparition des tournois et multiplication des châteaux dans l'ouest.
1066: bataille de Hastings, conquête de l'Angleterre par Guillaume de Normandie.
1085: reconquête de Tolède par les chrétiens.
1099: prise de Jérusalem par les chrétiens.
XII°: multiplication des châteaux en pierre et succès des tournois.
1150-1250: apogée de la féodalité.
1180-1223: règne de Philippe II Auguste (conquête de la Normandie en 1204, bataille de Bouvines en 1214, Paris devient capitale).
XIII°: âge d'or de la chevalerie.
1226-1270: règne de Louis IX (Saint Louis).
1285: avènement de Philippe IV le Bel.
1291: chute de Saint Jean d'Acre, fin des Etats latins d'Orient.
1337: début de la Guerre de 100 ans.
LA MASSE DE CEUX QUI TRAVAILLENT: LES LABORATORES
Ce groupe fonctionnel, non sacré, comprend tous les paysans, les artisans et les marchands. C'est une véritable classe sociale dominée, soumise à l'Eglise et aux seigneurs.
I. L'essor du monde rural, une forte croissance économique en Europe occidentale du X° au XIII° siècles. L'essor démographique est un élément fondamental de cette croissance. La population double, voire triple dans certaines régions entre 1050 et 1250. Les grands défrichements qui culminent au XII° permettent d'étendre les surfaces cultivées. Le réchauffement climatique amorcé vers 950 est un autre facteur de la croissance.Les moines, mis à part les Cisterciens ont joué un rôle moins important qu'on a pu le croire dans les défrichements. Trois types de défrichements:
- "le grignotage progressif" par essartage,
- la création de villages neufs attractifs, souvent à l'initiative de seigneurs,
- le peuplement intercalaire plus tardif.
Les progrès techniques rendent l'agriculture plus efficace. La charrue remplace progressivement l'araire.
Les progrès sont également liés à la ferrure des bêtes et aux méthodes d'attelage. L'outillage en fer se répand dans les campagnes. La multiplication des moulins économise la main d'œuvre.
Le plus grand progrès consiste à l'adoption de l'assolement triennal qui permet d'augmenter les surfaces cultivées et d'améliorer les rendements.
Des progrès certains mais pas de révolution agricole: des mentalités conservatrices, un équipement qui reste faible, une pénurie d'engrais, au total une économie fermée qui stagne.
II. La vie paysanne
Tous les paysans sont inscrits dans des liens de dépendance, plus ou moins dominés et exploités.
Le statut de paysan libre est le plus répandu: c'est le vilain qui exploite une tenure ou une manse appartenant au seigneur.
Le serf n'est ni un esclave, ni un paria: c'est "l'homme propre du seigneur" sur lequel pèsent des charges serviles: chevage, formariage, mainmorte. Beaucoup de serfs se sont donnés à un seigneur ou à une église pour rechercher une protection ou échapper à la misère.
Les affranchissements se sont multipliés au XIII°, souvent liés à la création d'un village neuf ou à la concession d'une charte de franchises. La condition des paysans s'est uniformisée: la masse des vilains et des serfs s'est appauvrie. Les révoltes paysannes mal connues sont rares avant le XIV°.
La seigneurie est le principal cadre de vie des paysans; la seigneurie foncière organise le travail de la terre.
Seigneurie de Wismes au XIV° siècle.
Ce grand domaine qui peut englober plusieurs villages ne correspond pas toujours à une même seigneurie banale. Il est composé de la réserve et de tenures pour lesquelles le tenancier doit une redevance annuelle (le cens ou le champart) et des corvées. La société féodale s'est constituée autour de la seigneurie et du village. Le village devient la cellule de base d'une communauté paysanne et d'une communauté religieuse (la paroisse).La forêt est un espace convoité; ce monde à part nourrit, fournit du bois et un refuge idéal pour tous les marginaux.
Calendrier des travaux agricoles de Rustican.
Les paysans travaillent dur mais les rendements restent faibles. Les disettes sont fréquentes, la peur de la faim permanente et les famines sont redoutées.
III. Un formidable essor urbain à partir du X°.
Environ 15% de la population occidentale vit en ville à la veille de la Grande peste de 1348. Le réseau urbain est dominé par l'Italie et la Flandre. Pourquoi cette floraison urbaine?- avec l'essor des campagnes, la ville devient un lieu d'échange des produits agricoles, un espace de consommation des surplus,
- la croissance démographique,
- la volonté politique des seigneurs qui veulent quadriller et valoriser leur territoire,
Bastide de Montpazier en Dordogne fondée par Edouard 1° d'Angleterre en 1284.
- l'intensification du grand commerce.
Quai aux herbes à Gand, centre textile et marchand, la ville la plus peuplée des Flandres au XII°: 60.000 habitants. Les maisons des associations illustrent la puissance des marchands.
La ville médiévale est un monde nouveau, attractif, qui reste proche de la campagne: beaucoup de citadins sont des semi-ruraux.
L'émancipation politique des villes. La ville est soumise au pouvoir d'un seigneur mais marchands, artisans et citadins revendiquent une autonomie, un allègement des charges et plus de sécurité. ("l'air de la ville rend libre"). Le mouvement communal se développe dans les années 1070 à 1130. Les bourgeois rassemblés dans une association jurée réclament une charte de franchises qui leur attribue des libertés, des droits des exemptions,... L'obtention d'un statut communal peut donner lieu à des affrontements (Laon). Les communes se dotent d'institutions municipales: d'un conseil ou consulat composé d'échevins au nord, de consuls, capitouls ou jurés au sud. Ils ne sont pas élus mais choisis, cooptés parmi les élites de la société urbaine.
Le beffroi (Abbeville dans la Somme, 1209) est un symbole des libertés communales.
Les métiers urbains sont variés: la construction est la principale activité, l'industrie textile emploie une main d'œuvre nombreuse en Flandre puis en Italie. Les métiers s'organisent en associations que l'on appellera corporations. Elles contrôlent la production, la commercialisation; elles organisent l'entraide et l'apprentissage.
Des "nouveaux laboratores", les travailleurs urbains se distinguent progressivement des ruraux:
- les marchands forment un corps social à part, dominant,
- les artisans sont soumis à un système corporatif contraignant,
- l'administration municipale fait apparaitre toute une population de robins, de juristes,
- le "menu peuple" regroupe toute une population de domestiques, de boutiquiers, de journaliers... Le nombre d'exclus et de marginaux augmente à partir de la seconde moitié du XIII°.
Les violences urbaines sont liées au mouvement communal comme à Laon en 1112 ou à des luttes sociales comme à Douai au XIII°.
CHRONOLOGIE DE LA SOCIETE DU XI° AU XIII° SIECLES
Vers 950: début d'une période de réchauffement climatique.
Vers 1050: développement de l'industrie du drap en Flandre.
1070-1130: mouvement communal dans l'Europe urbaine;
1095-1115: premiers consulats en Italie du nord.
XII° siècle: fondation de villes neuves et apogée du mouvement communal.
point culminant des défrichements et progrès des techniques agricoles.
Vers 1110: essor des foires de Champagne.
1112: révolte communale de Laon.
1121: apparition de la hanse des marchands d'eau à Paris.
1134: charte rurale de Lorris accordée par Louis VI le Gros.
1183: l'Empereur accorde des droits régaliens à 25 cités d'Italie du nord.
1190: début de la construction de l'enceinte de Philippe Auguste à Paris.
XIII° siècle: fondation des bastides du sud-ouest, diffusion de la charrue,
multiplication des affranchissements collectifs.
1260: Louis IX érige la corporation des marchands d'eau de Paris en municipalité.
Vers 1280: vague de grèves et d'émeutes des ouvriers du textile en Flandre.
1348: début de l'épidémie de peste noire.
1358: jacquerie du Beauvaisis.
CONCLUSION
La société de l'Occident latin a connu une mutation profonde autour de l'an 1100. On peut parler d'une embellie et d'une amélioration générale du bien-être au cours de la période mais la situation s'est détériorée dés la seconde moitié du XIII° (contraction de l'activité économique).
Avec l'essor urbain et le renforcement des pouvoirs centraux, la société féodale de l'Occident latin a bien évolué. A la fin du XIII°, elle ne colle plus avec le schéma traditionnel de la société des trois ordres.
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